Le monde nous dit qu'il est à bout
Poème de Rosa Chávez dans L’ailleurs s’étend, Éd. Héliotropismes 2017
Le monde nous dit qu'il est à bout, la musique sera le silence absolu, le silence absolu ne tiendra pas dans nos poitrines et pour cela nous exploserons. Notre récompense sera de pleurer ensemble, notre corps minuscule s'accouplera à l'univers, nos organes génitaux seront des trous noirs pénétrés par l'infini, rien ne sera venu en vain, toute chose retrouvera le lieu qui est le sien, ce lieu auquel on a prêté des noms communs parfois étranges, ce lieu que toutes les langues du monde ont inventé, ce lieu que nous n'avons jamais pu seulement imaginer.
Traduit de l’espagnol (Guatemala) par Laurent Bouisset
Défendre
Poème de Laurent Bouisset dans L’ailleurs s’étend - Éd. Héliotropismes 2017
qu'est-ce qui n'est pas de la merde ?
qu'est-ce qui est beau ?
qu'est-ce qui est vrai ?
qu'est-ce qui défie la mort ici ?
attends un peu
avant de ridiculiser
ce genre de questions
l'obus arrive en vol piqué
sur nos maisons
nous n'allons pas l'accueillir
accoutrés de son néant
Je suis devenue charbon
Poème de Régina José Galindo dans L’ailleurs s’étend - Éd. Héliotropismes 2017
J'ai vu l'enfer avec mes trois yeux
J'ai senti les flammes brûler cerveau, pupilles, lèvres, langue, cou, épaules, poitrine, bras, mains, doigts, jambes, pieds, clitoris, vagin, ventre, nombril, dos, poumons, bronches, viscères, nerfs, os, coeur
Je suis devenue charbon
sur moi
a grillé votre viande.
Cadavre pestilent que personne ne devra manger.
Brûle à feu lent !
Réduis-toi en cendres !
Avec elles je ferai mon sol
j'élèverai mes murs
Avec elles je cracherai un autre corps
je réinventerai ma vie.
Traduit de l’espagnol (Guatemala) par Laurent Bouisset
CRIER
Poème de Laurent Bouisset dans L’ailleurs s’étend
Poème de Laurent Bouisset dans L’ailleurs s’étend - Éd. Héliotropismes 2017
Mais alors personne
N'attends personne pour crier
Crier c'est tout seul
À deux c'est pas crier
Non
À deux c'est doucement
À trois tu bêles
À sept t'aboies
À treize ?
T'acquiesces
Tu bâilles
Crier c'est tout seul
Putain
TOUT SEUL
Leur monde est à vomir
Lorsqu’éclatât le conflit syrien, je ressorti des photos d'archives et je les ai travaillés avec force physique pour expulser …
Lorsque éclata le conflit syrien, je ressortis des photos d'archives et je les ai travaillées avec force physique pour expulser ma colère, en pensant à ce que vivait les gens que j'avais croisé. Les nouvelles étaient terribles, et lorsque je travaillais sur les portraits ce n'était que mort et disparition qui apparaissaient. Ces images raisonnent malheureusement terriblement avec ce qu'il se passe en ce moment à Gaza. Ces hommes ces femmes ses enfants subissent la bêtise et la haine et ils en meurent... Comme d'autres images elles reflètent bien plus que ce qu'elles figurent et sont la réalité blessante du pire de ce que l'humanité est capable d'offrir...
J'avais voyagé en Syrie quelques années avant et j’avais glané des portraits un peu partout dans le pays. Des rencontres parfois furtives mais toujours conviviales remplies de sourires et de partage. Je me souviens de cette famille non loin de Salamyeh qui, pour me protéger de la chaleur, m'avait accueilli dans la bergerie au cœur de champs arides dans lesquels broutaient des brebis aux gestes lents. On y servait du thé très chaud pour mieux se désaltérer. Sans traducteur, sans langue commune, nous communiquions pourtant aisément : sourires, gestes, partage de gâteau, sieste... des moments très ancrés, loin d'être hors-sol, des moments dans le temps, dans la vie. Vous, qui avez voyagé, vous avez sûrement vécu des moments similaires, vous savez que ces moments sont le commun des rapports humains, leur expression de respect la plus originelle.
Mais le sang à tout de même coulé.
Cette soudaine révolte Syrienne réprimée dans le sang, cette violente intense tellement incompréhensible, violence du pouvoir envers son propre peuple, démesurée par sa rage, cette violence comme tant d’autre trahie la faiblesse et la peur de ceux qui la commette.
C'était l'œuvre, disait-on en occident, d'un régime autoritaire arriéré tenue de main de fer par un tyran, effectivement Bachar el-Assad est un tyran arriéré et autoritaire et il est l’ennemi de son peuple. La rage meurtrière que Benyamin Netanyahou inflige aux palestiniens, et in fine à son peuple, est tout à fait similaire, il est l'ennemi de son peuple autant que des Palestiniens. Une telle haine est inacceptable, irrecevable, injustifiable. Il est le tyran occidental arriéré et autoritaire dont les crimes atroces sont justifiés par des thèses haineuses, racistes et génocidaires soutenues par une rhétorique claire et libérée d’extermination.
Nos sociétés occidentales, si mal dirigées, qui ont usurpées le principe de représentation pour faire du pouvoir le garant d’intérêts personnels minoritaires, ont perdu l’ordre moral sur lequel elles se sont construites et trahissent leur peuple, nous ont trahies.
Condamner Assad ou Poutine et soutenir Netanyahou, c’est avoir déserté la pensée, c’est l’abandon de tout, le grand vide qui tue. Nous n’avons plus besoin de justifier quoique ce soit, la vérité a disparue donc tout est vrai, plus besoin de réfléchir, d’écouter, de s’informer, de connaître ou de comprendre… pas besoin nous plus de douter. Il suffit d’annoncer, puisqu’il est impossible d’avoir tort, cela n’a aucune conséquence d’avoir tort, aucune. Nos dirigeants sont nos ennemis et le monde qu’il façonnent est à vomir.
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À voir dans la série MÉTEMSPYCHOSES des portraits qui d’où qu’ils viennent nous parlent aussi de ça.
Sous les bombes
Pas de répits
Seul sous les bombes
On est toujours seul sous les bombes
Tout le monde voit bien
Que le monde s’en fout
Tout le monde s’en fout
« La foule se déplace sans nervosité, elle se fiche de tout. Il est clair que les gens ont réussi à en finir avec la peur de la mort, et en particulier avec l’idée de la mort des autres. Prends exemple sur eux. »*
C’est bien ce qu’on retiendra de tout cela
On retiendra aussi que ce sont des morts pour rien
On retiendra aussi qu’il faut être plus méchant que le méchant pour être soutenu
On retiendra aussi que l’humanité est partout où il n’y a pas de pouvoir
On retiendra aussi que les moralisateurs sont les plus gros menteurs
On retiendra aussi que les plus gros menteurs sont tous, TOUS, des meurtriers
On retiendra la haine qui monte engendrée par la haine qui tombe
en masse
comme une bombe
une bombe immense
qui n’arrête pas de toucher le sol
encore encore et encore
et qui à chaque fois explose
sans répits
Pas de répits
eux
sont seuls sous la haine
* Songes de Mevlido, Antoine Volodine. Éd. du Seuil 2007
Autopeur
Rester calme
en toute circonstance
Peut-être ne me feront ils rien ?
Rien...
Rien de pire
Ils peuvent me faire quoi ?
m’obliger ?
me contraindre ?
me faire croire ?
Ils pourraient m’empêcher !
me faire payer ! haaaa ! payer !
m’influencer ?
peut-être même me faire peur
voir me taper dessus…
par plaisir, juste par ce qu’ils ont le droit
ou parce que ils se sont donnés le droit
jamais je leur donnerai le droit de me frapper
d’ailleurs jamais je leur donnerai aucun droit à ces salauds
déjà qu’ils me mentent
Mais rester calme…
pourquoi déjà ?
Pour qu’ils me fassent peut-être rien
Parce que je ne voudrais pas
qu’ils me fassent ce qu’il me font déjà mais en pire
qu’il dépassent les bornes
à en arriver jusque là
et à me faire perdre mon calme
Vocifération
Faut arrêter là !
Ça va trop vite et pas comme je veux
Je veux oui
Il faut s’y faire
Mais je ne suis pas tout seul
Nombreux
Ils vocifèrent
Alors moi je ne voudrais pas non plus ?
J’ai pas le droit moi ?
Si
Oui t’as le droit
Ah
…
…
Peut-être c’est mieux alors
De vouloir ne pas vouloir ?
C’est possible ça ?
Vouloir ne pas vouloir ce que je veux ?
Possible ?
En tous cas j’ai le droit aussi !
Et puis il suffit de le vouloir
Voilà
Je veux
Je veux vouloir ne pas vouloir ce que je veux
…
Non
Non
En fait ça va pas comme je veux
C’est pas ça !
Ce que je veux
pour de vrai
Je veux vouloir ne pas vouloir ce qu’ils veulent que j’ai envie de vouloir
Voilà
Retrouver la matière
Rentrer dans la matière
se faire l’outil d’une texture qui percera
la rétine
Rentrer dans la matière
se faire l’outil d’une texture qui percera
la rétine
pour filer directement à l’épiderme
le cerveau en dernier au bout de la chaine commencera alors
son travail de connexion
mais avant cela
trouver la magie de la matière,
s’en rapprocher en cherchant avec ses mains avec son corps entier
gratter découvrir recouvrir
redécouvrir
pas facile
en photographie
la prise de vue
potentiel acte artistique
ne fait pas matière
le concept de plasticité
péniblement légitimé
(c’est un concept)
par des photographies d’installations
ne fait pas matière
(toujours rien à toucher)
les procédés anciens
- il y en a maint -
là on commence à sentir quelque chose
à titiller les sens
là on commence à manipuler beaucoup
pour fabriquer son image
là on commence à faire matière
mais
si c’est pour reproduire l’image captée
rester dans le moment de la prise de vue
ne pas s’éloigner
de cet espace de ce temps
alors le corps
n’a que peu à apporter des miettes à donner
allez !
plonge en chambre noire
dissocie-toi du temps – la lueur rouge de l’espace confiné y arrive très bien –
prépare les supports
prépare les matières
mets les mains dans le cambouis bordel !
pas peur d’abîmer
pas peur d’intervenir
- moments très court où
l’action devient
irréversible -
pas peur d’improviser
confiance en ses réactions
confiance en son instinct
- laisser son ventre ressurgir
par ses membres –
vomis la sincérité du moment
une fois
puis recommencer
ajouter
interpréter
le cerveau en dernier au bout de la chaine commencera alors
son travail
Voir la série “Dévisages” : https://www.nicolasguyot.com/oeuvres/devisages
poèmes pour voir #3 - YVONNE
moi j'ai beau attrouper mes vers au milieu d'Internet
ils ne parviennent que trop rarement à emmerder quelqu'un...
Poème de Laurent Bouisset dans le recueil Matin Clone aux éditions Paroles d’Auteur (2023)
YVONNE
ma grand-tante corrézienne avait une mobylette et s'appelait Yvonne
en août elle attroupait ses vaches au milieu de la route
pour le simple plaisir de
retarder les touristes parisiens
qui fonçaient à travers son bled
sans prendre le temps de la voir
ou de saluer ses poules
tandis que ces accros au timing abusaient de leur klaxon
elle s’asseyait tranquillement sur son muret
et disait à son chien fidèle : « ils courent tout l'temps »
moi j'ai beau attrouper mes vers au milieu d'Internet
ils ne parviennent que trop rarement à emmerder quelqu'un...
du fond d'sa tombe Yvonne me crie
de les écrire plus vaches encore !
PLUS VACHES ET CRUS MES TEXTES
AU POINT QU'ON PUISSE LES TRAIRE !
mais je doute que des Parigots
viennent un jour
s'égarer dans mon purin...
et le beurre de mes vacheries s'écoule déjà
mêlé à d'autres
et d'autres encore plus vaches que moi...
ça devient vachement idiot bien vite
de vouloir maintenir contre ce flux
une image nostalgique d'Yvonne
Voir Matin Clone de Laurent Bouisset, illustrations de Nicolas Guyot
poèmes pour voir #2 - PRÉDATION
viens à moi, chose facile
viens que mon job d’humain te charcute l’apparence
mon dada : te labyrinther sans scrupule jusqu’au soir
Poème de Laurent Bouisset dans Matin Clone aux éditions Parole d’Auteur (2023)
Prédation
pas
pas dans
l'exceptionnel ou l'embardée
pas dans
le pas de côté la cavale
foutrement là/c’est tout/ici
sinus engagés dans le pas de vis
pommettes massées par la photocopieuse chaque jour
je...
oui, un je...
pardon, j’ai mis ce pronom désuet
cette espèce d’approximation idiote (et pleine d’absence
j’avais pas trouvé de godasse meilleure
le matin clone où j’ai vu donc
je pourrais dire aussi je vois
ou je verrai devant l’aube
& ma 207
apparaître
quelque chose de simple
de simple, oui... c’est une aubaine !
m’arrive du ciel la victime idéale !
viens là
viens à moi, chose facile
viens que mon job d’humain te charcute l’apparence
mon dada : te labyrinther sans scrupule jusqu’au soir
Voir Matin clone de Laurent Bouisset, illustration de Nicolas Guyot
poèmes pour voir #1 - TONUS
l'envie de mourir suit de près
le marcheur ayant fait le tour
de la question
Poème de Laurent Bouisset dans le Recueil Matin Clone aux éditions Parole d’Auteur (2023)
TONUS
les livres que je n'ai pas encore lus
sont mes rails
ils me refilent sans rien glander
du courant dans les pattes
et dans les pages un vrai tonus !
c'est pour moi électrique
de n'avoir jamais lu
Marcel Proust
par exemple
ça jette au loin un potentiel !
alimente un départ !
et fait vibrer dans la brume
un pôle Proust !
avec le rock, j'ai complètement merdé
a contrario
j'ai tout écouté bien trop tôt
et je suis devenu un sale blasé...
l'envie de mourir suit de près
le marcheur ayant fait le tour
de la question
Voir Matin Clone de Laurent Bouisset, illustrations de Nicolas Guyot
Petite géologie de l’image
N’avez-vous jamais été dérangé par une image, ou simplement interloqué, ou encore, dans le meilleur des cas fasciné ?
Ce petit pincement dans le ventre qui …
N’avez-vous jamais été dérangé par une image, ou simplement interloqué, ou encore, dans le meilleur des cas fasciné ?
Ce petit pincement dans le ventre qui arrête le cours de la pensée et nous plonge dans un univers autre, nous ne l’anticipons pas, mais il nous fait voyager intérieurement dans le temps et dans l’espace là où nous n’avions pas eu l’idée d’aller.
Nommer ce pincement, pour qu’il embrasse la complexité des émotions n’est pas chose facile. Il y a un mot qui me vient à l’esprit, mais il a différents usages. Sur la paroi, en escalade, il s’exploite avec envie, permet de passer, d’avancer, d’aller chercher la prise suivante et de se mettre dans une nouvelle position pour aller plus loin. En géologie, c’est une ouverture dans le sol ou sur le plancher océanique, ces mouvements de la croute terrestre sont des lieux d’interactions qui peuvent créer une frontière. À d’autres niveaux on s’engouffre dedans, par la pensée, dans un échange verbal, ou plus prosaïquement de manière juridique… On retrouve ce mot dans de nombreuse facette de la vie et de nos vies : La faille.
La faille, comme conçue ici, est plus de l’ordre du mouvement, elle se crée en nous, déclenchée par un événement. La vision d’un tableau, l’écoute d’une musique, d’un texte ou d’une actualité, les discutions avec d’autres personnes… Elle n’est pas préméditée, c’est en ça qu’elle est spéciale et qu’elle porte un pouvoir et une énergie propre.
J’aime quand une œuvre me fait réagir autrement que par sa beauté plastique, je considère même que si elle me fait réagir autrement que par son esthétique elle est belle. Peut-être aurais-je du mal à la regarder ou à l’écouter une seconde fois, mais j’y penserais à coup sûr. Dans tous les cas elle aura déclenché une vibration, une énergie qui aura modifié le cours de ma pensée.
Déclencher des failles, des brèches, des ruptures dans le fil de l’esprit pour avoir l’opportunité de se placer dans un ailleurs qui nous autorise à rectifier la pensée, c’est la mission de chaque artiste. Avec la pluralité de nos vies, la diversité de nos mediums et par la sincérité de nos actions nous devons transmettre cette énergie créatrice de failles…
Chercher cela, à chaque fois, lorsque je malaxe mes photographies dans les bains de chimies, que je déplace mes agrandisseurs ou que je manipule avec les doigts la gélatine du bromure d’argent… chercher la faille dans l’image pour qu’elle apparaisse d’elle-même… c’est une recherche sans limite mais jonchée de découvertes et de surprises… comme par exemple ici dans « La charogne » où le mouvement et l’immobile se côtoient sans nous laisser de réponse et ouvrent un espace dans lequel s’engouffrer…
Le temps, le lieu et l’image
Une image, photographie, dessin ou peinture, a-t-elle besoin d’être définie dans le temps et dans l’espace ? La question ici n’est pas d’ordre physique, et n’entre pas dans le champs de la relativité restreinte et de la…
Une image, photographie, dessin ou peinture, a-t-elle besoin d’être définie dans le temps et dans l’espace ? La question ici n’est pas d’ordre physique, et n’entre pas dans le champ de la relativité restreinte et de la dimension spatio-temporelle, mais elle est plutôt de l’ordre du ressenti humain, de nos relations intimes avec nos vies.
Ce sont nos souvenirs, ces expériences qui laissent des traces impalpables, qui marquent notre temps propre. Finalement, intimement, n’arrêtons-nous pas le temps pour le récupérer à notre guise et le replacer à d’autres endroits ? Nous avons la fabuleuse capacité mentale de réunir la diversité spatiale et temporelle de certains de nos souvenirs en une nouvelle position qui les résume tous.
Sentir que l’on a déjà vécu ce moment, ne pas comprendre pourquoi tel lieu nous dit quelque chose, voir toujours la même scène dans des endroits différents… pourquoi produisons-nous inconsciemment ces visions, et comment arrivons-nous à produire notre propre réalité ?
Tout est question de ressentis, de sensations qui traversent le corps, tout cela est finalement physique – au sens corporel – et notre perception, couplée à notre réaction, fabrique une réalité.
Lorsque nous regardons une image, a fortiori une représentation, ce qui fait que nous nous en souvenons, c’est que le temps qu’elle montre est implicite, il n’existe pas sur l’image mais est imaginé par nous-mêmes. Nous fabriquons le temps que l’on voit sur l’image par rapport au temps que nous avons vécu, et ainsi nous fabriquons un nouveau souvenir. Nous accumulons ainsi des couches de temps qui se mélangent entre elles et se reforment continuellement. Cette image vue restera comme une expérience intime, et nous pouvons même en prendre possession si elle rejoint l’ensemble de nos vécus.
Les lieux sont également des intimités fortes, en tant qu’ils marquent également des moments. Mais dans nos souvenirs leurs représentations se diffusent pour ne garder que des points précis, marqueurs de nos émotions. Là aussi lorsque nous regardons un image, l’espace représenté - s’il n’est pas explicite -, prendra la force du souvenir.
Ce mélange, sur l’image, de différents temps et d’altération géographique du lieu - pour le situer partout – permet de dépasser ce que l’on pense voir. Il ouvre un peu plus notre perception au monde.