Nicolas Guyot Nicolas Guyot

Le monde nous dit qu'il est à bout

Poème de Rosa Chávez dans L’ailleurs s’étend, Éd. Héliotropismes 2017

Le monde nous dit qu'il est à bout, la musique sera le silence absolu, le silence absolu ne tiendra pas dans nos poitrines et pour cela nous exploserons. Notre récompense sera de pleurer ensemble, notre corps minuscule s'accouplera à l'univers, nos organes génitaux seront des trous noirs pénétrés par l'infini, rien ne sera venu en vain, toute chose retrouvera le lieu qui est le sien, ce lieu auquel on a prêté des noms communs parfois étranges, ce lieu que toutes les langues du monde ont inventé, ce lieu que nous n'avons jamais pu seulement imaginer.

Traduit de l’espagnol (Guatemala) par Laurent Bouisset

Lire la suite
Nicolas Guyot Nicolas Guyot

Défendre

Poème de Laurent Bouisset dans L’ailleurs s’étend - Éd. Héliotropismes 2017

qu'est-ce qui n'est pas de la merde ?

qu'est-ce qui est beau ?

qu'est-ce qui est vrai ?

qu'est-ce qui défie la mort ici ?

attends un peu

avant de ridiculiser

ce genre de questions

l'obus arrive en vol piqué

sur nos maisons

nous n'allons pas l'accueillir

accoutrés de son néant

Lire la suite
Nicolas Guyot Nicolas Guyot

Je suis devenue charbon

Poème de Régina José Galindo dans L’ailleurs s’étend - Éd. Héliotropismes 2017

J'ai vu l'enfer avec mes trois yeux

J'ai senti les flammes brûler cerveau, pupilles, lèvres, langue, cou, épaules, poitrine, bras, mains, doigts, jambes, pieds, clitoris, vagin, ventre, nombril, dos, poumons, bronches, viscères, nerfs, os, coeur

Je suis devenue charbon

sur moi

a grillé votre viande.

Cadavre pestilent que personne ne devra manger.

Brûle à feu lent !

Réduis-toi en cendres !

Avec elles je ferai mon sol

j'élèverai mes murs

Avec elles je cracherai un autre corps

je réinventerai ma vie.

Traduit de l’espagnol (Guatemala) par Laurent Bouisset

Lire la suite
Nicolas Guyot Nicolas Guyot

CRIER

Poème de Laurent Bouisset dans L’ailleurs s’étend

Poème de Laurent Bouisset dans L’ailleurs s’étend - Éd. Héliotropismes 2017


Mais alors personne

N'attends personne pour crier

Crier c'est tout seul

À deux c'est pas crier

Non

À deux c'est doucement

À trois tu bêles

À sept t'aboies

À treize ?

T'acquiesces

Tu bâilles

Crier c'est tout seul

Putain

TOUT SEUL



Lire la suite
Nicolas Guyot Nicolas Guyot

Leur monde est à vomir

Lorsqu’éclatât le conflit syrien, je ressorti des photos d'archives et je les ai travaillés avec force physique pour expulser …

Lorsque éclata le conflit syrien, je ressortis des photos d'archives et je les ai travaillées avec force physique pour expulser ma colère, en pensant à ce que vivait les gens que j'avais croisé. Les nouvelles étaient terribles, et lorsque je travaillais sur les portraits ce n'était que mort et disparition qui apparaissaient. Ces images raisonnent malheureusement terriblement avec ce qu'il se passe en ce moment à Gaza. Ces hommes ces femmes ses enfants subissent la bêtise et la haine et ils en meurent... Comme d'autres images elles reflètent bien plus que ce qu'elles figurent et sont la réalité blessante du pire de ce que l'humanité est capable d'offrir...

J'avais voyagé en Syrie quelques années avant et j’avais glané des portraits un peu partout dans le pays. Des rencontres parfois furtives mais toujours conviviales remplies de sourires et de partage. Je me souviens de cette famille non loin de Salamyeh qui, pour me protéger de la chaleur, m'avait accueilli dans la bergerie au cœur de champs arides dans lesquels broutaient des brebis aux gestes lents. On y servait du thé très chaud pour mieux se désaltérer. Sans traducteur, sans langue commune, nous communiquions pourtant aisément : sourires, gestes, partage de gâteau, sieste... des moments très ancrés, loin d'être hors-sol, des moments dans le temps, dans la vie. Vous, qui avez voyagé, vous avez sûrement vécu des moments similaires, vous savez que ces moments sont le commun des rapports humains, leur expression de respect la plus originelle.

Mais le sang à tout de même coulé.

Cette soudaine révolte Syrienne réprimée dans le sang, cette violente intense tellement incompréhensible, violence du pouvoir envers son propre peuple, démesurée par sa rage, cette violence comme tant d’autre trahie la faiblesse et la peur de ceux qui la commette.

C'était l'œuvre, disait-on en occident, d'un régime autoritaire arriéré tenue de main de fer par un tyran, effectivement Bachar el-Assad est un tyran arriéré et autoritaire et il est l’ennemi de son peuple. La rage meurtrière que Benyamin Netanyahou inflige aux palestiniens, et in fine à son peuple, est tout à fait similaire, il est l'ennemi de son peuple autant que des Palestiniens. Une telle haine est inacceptable, irrecevable, injustifiable. Il est le tyran occidental arriéré et autoritaire dont les crimes atroces sont justifiés par des thèses haineuses, racistes et génocidaires soutenues par une rhétorique claire et libérée d’extermination.

Nos sociétés occidentales, si mal dirigées, qui ont usurpées le principe de représentation pour faire du pouvoir le garant d’intérêts personnels minoritaires, ont perdu l’ordre moral sur lequel elles se sont construites et trahissent leur peuple, nous ont trahies.

Condamner Assad ou Poutine et soutenir Netanyahou, c’est avoir déserté la pensée, c’est l’abandon de tout, le grand vide qui tue. Nous n’avons plus besoin de justifier quoique ce soit, la vérité a disparue donc tout est vrai, plus besoin de réfléchir, d’écouter, de s’informer, de connaître ou de comprendre… pas besoin nous plus de douter. Il suffit d’annoncer, puisqu’il est impossible d’avoir tort, cela n’a aucune conséquence d’avoir tort, aucune. Nos dirigeants sont nos ennemis et le monde qu’il façonnent est à vomir.

-----

 À voir dans la série MÉTEMSPYCHOSES des portraits qui d’où qu’ils viennent nous parlent aussi de ça.

Lire la suite
Nicolas Guyot Nicolas Guyot

Sous les bombes

Pas de répits

Seul sous les bombes

On est toujours seul sous les bombes

Tout le monde voit bien

Que le monde s’en fout

Tout le monde s’en fout

« La foule se déplace sans nervosité, elle se fiche de tout. Il est clair que les gens ont réussi à en finir avec la peur de la mort, et en particulier avec l’idée de la mort des autres. Prends exemple sur eux. »*

C’est bien ce qu’on retiendra de tout cela

 

On retiendra aussi que ce sont des morts pour rien

On retiendra aussi qu’il faut être plus méchant que le méchant pour être soutenu

On retiendra aussi que l’humanité est partout où il n’y a pas de pouvoir

On retiendra aussi que les moralisateurs sont les plus gros menteurs

On retiendra aussi que les plus gros menteurs sont tous, TOUS, des meurtriers

On retiendra la haine qui monte engendrée par la haine qui tombe

en masse

comme une bombe

une bombe immense

qui n’arrête pas de toucher le sol

encore encore et encore

et qui à chaque fois explose

sans répits

Pas de répits

eux

sont seuls sous la haine

Songes de Mevlido, Antoine Volodine. Éd. du Seuil 2007

Lire la suite
Nicolas Guyot Nicolas Guyot

Autopeur

Rester calme

en toute circonstance

Peut-être ne me feront ils rien ?

Rien...

Rien de pire

 

Ils peuvent me faire quoi ?

m’obliger ?

me contraindre ?

me faire croire ?

Ils pourraient m’empêcher !

me faire payer ! haaaa ! payer !

m’influencer ?

peut-être même me faire peur

voir me taper dessus…

par plaisir, juste par ce qu’ils ont le droit

ou parce que ils se sont donnés le droit

jamais je leur donnerai le droit de me frapper

d’ailleurs jamais je leur donnerai aucun droit à ces salauds

déjà qu’ils me mentent

 

Mais rester calme…

pourquoi déjà ?

 

Pour qu’ils me fassent peut-être rien

 

Parce que je ne voudrais pas

qu’ils me fassent ce qu’il me font déjà mais en pire

qu’il dépassent les bornes

à en arriver jusque là

et à me faire perdre mon calme

Lire la suite
Nicolas Guyot Nicolas Guyot

Vocifération

Faut arrêter là !

Ça va trop vite et pas comme je veux

Je veux oui

Il faut s’y faire

Mais je ne suis pas tout seul

Nombreux

Ils vocifèrent

Alors moi je ne voudrais pas non plus ?

J’ai pas le droit moi ?

 

Si

Oui t’as le droit

Ah

Peut-être c’est mieux alors

De vouloir ne pas vouloir ?

C’est possible ça ?

Vouloir ne pas vouloir ce que je veux ?

Possible ?

En tous cas j’ai le droit aussi !

Et puis il suffit de le vouloir

Voilà

Je veux

Je veux vouloir ne pas vouloir ce que je veux

Non

Non

En fait ça va pas comme je veux

C’est pas ça !

 

Ce que je veux

pour de vrai

Je veux vouloir ne pas vouloir ce qu’ils veulent que j’ai envie de vouloir

Voilà

Lire la suite
Nicolas Guyot Nicolas Guyot

Retrouver la matière

Rentrer dans la matière
se faire l’outil d’une texture qui percera
la rétine

Rentrer dans la matière

se faire l’outil d’une texture qui percera

la rétine

pour filer directement à l’épiderme

le cerveau en dernier au bout de la chaine commencera alors

son travail de connexion

mais avant cela

trouver la magie de la matière,

s’en rapprocher en cherchant avec ses mains avec son corps entier

gratter découvrir recouvrir

redécouvrir

pas facile

en photographie

la prise de vue

potentiel acte artistique

ne fait pas matière

le concept de plasticité

péniblement légitimé

(c’est un concept)

par des photographies d’installations

ne fait pas matière

(toujours rien à toucher)

les procédés anciens

- il y en a maint -

là on commence à sentir quelque chose

à titiller les sens

là on commence à manipuler beaucoup

pour fabriquer son image

là on commence à faire matière

mais

si c’est pour reproduire l’image captée

rester dans le moment de la prise de vue

ne pas s’éloigner

de cet espace de ce temps

alors le corps

n’a que peu à apporter des miettes à donner

allez !

plonge en chambre noire

dissocie-toi du temps – la lueur rouge de l’espace confiné y arrive très bien –

prépare les supports

prépare les matières

mets les mains dans le cambouis bordel !

pas peur d’abîmer

pas peur d’intervenir

- moments très court où

l’action devient

irréversible -

pas peur d’improviser

confiance en ses réactions

confiance en son instinct

- laisser son ventre ressurgir

par ses membres –

vomis la sincérité du moment

une fois

puis recommencer

ajouter

interpréter

le cerveau en dernier au bout de la chaine commencera alors

son travail

Voir la série “Dévisages” : https://www.nicolasguyot.com/oeuvres/devisages

Lire la suite
Nicolas Guyot Nicolas Guyot

poèmes pour voir #3 - YVONNE

moi j'ai beau attrouper mes vers au milieu d'Internet

ils ne parviennent que trop rarement à emmerder quelqu'un...

Poème de Laurent Bouisset dans le recueil Matin Clone aux éditions Paroles d’Auteur (2023)

YVONNE

ma grand-tante corrézienne avait une mobylette et s'appelait Yvonne

en août elle attroupait ses vaches au milieu de la route

pour le simple plaisir de

retarder les touristes parisiens

qui fonçaient à travers son bled

sans prendre le temps de la voir

ou de saluer ses poules

tandis que ces accros au timing abusaient de leur klaxon

elle s’asseyait tranquillement sur son muret

et disait à son chien fidèle : « ils courent tout l'temps »

moi j'ai beau attrouper mes vers au milieu d'Internet

ils ne parviennent que trop rarement à emmerder quelqu'un...

du fond d'sa tombe Yvonne me crie

de les écrire plus vaches encore !

PLUS VACHES ET CRUS MES TEXTES

AU POINT QU'ON PUISSE LES TRAIRE !

mais je doute que des Parigots

viennent un jour

s'égarer dans mon purin...

et le beurre de mes vacheries s'écoule déjà

mêlé à d'autres

et d'autres encore plus vaches que moi...

ça devient vachement idiot bien vite

de vouloir maintenir contre ce flux

une image nostalgique d'Yvonne

Voir Matin Clone de Laurent Bouisset, illustrations de Nicolas Guyot

Lire la suite
Nicolas Guyot Nicolas Guyot

poèmes pour voir #2 - PRÉDATION

viens à moi, chose facile
viens que mon job d’humain te charcute l’apparence

mon dada : te labyrinther sans scrupule jusqu’au soir

Poème de Laurent Bouisset dans Matin Clone aux éditions Parole d’Auteur (2023)

Prédation

pas

pas dans

l'exceptionnel ou l'embardée

pas dans

le pas de côté la cavale

foutrement là/c’est tout/ici

sinus engagés dans le pas de vis

pommettes massées par la photocopieuse chaque jour

je...

oui, un je...

pardon, j’ai mis ce pronom désuet

cette espèce d’approximation idiote (et pleine d’absence

j’avais pas trouvé de godasse meilleure

le matin clone où j’ai vu donc

je pourrais dire aussi je vois

ou je verrai devant l’aube

& ma 207

apparaître

quelque chose de simple

de simple, oui... c’est une aubaine !

m’arrive du ciel la victime idéale !

viens là

viens à moi, chose facile

viens que mon job d’humain te charcute l’apparence

mon dada : te labyrinther sans scrupule jusqu’au soir

Voir Matin clone de Laurent Bouisset, illustration de Nicolas Guyot

Lire la suite
Nicolas Guyot Nicolas Guyot

poèmes pour voir #1 - TONUS

l'envie de mourir suit de près

le marcheur ayant fait le tour

de la question

Poème de Laurent Bouisset dans le Recueil Matin Clone aux éditions Parole d’Auteur (2023)

TONUS

les livres que je n'ai pas encore lus

sont mes rails

ils me refilent sans rien glander

du courant dans les pattes

et dans les pages un vrai tonus !

 

c'est pour moi électrique

de n'avoir jamais lu

Marcel Proust

par exemple

 

ça jette au loin un potentiel !

alimente un départ !

et fait vibrer dans la brume

un pôle Proust !

 

avec le rock, j'ai complètement merdé

a contrario

j'ai tout écouté bien trop tôt

et je suis devenu un sale blasé...

 

l'envie de mourir suit de près

le marcheur ayant fait le tour

de la question

Voir Matin Clone de Laurent Bouisset, illustrations de Nicolas Guyot

Lire la suite
Nicolas Guyot Nicolas Guyot

Petite géologie de l’image

N’avez-vous jamais été dérangé par une image, ou simplement interloqué, ou encore, dans le meilleur des cas fasciné ?
Ce petit pincement dans le ventre qui …

N’avez-vous jamais été dérangé par une image, ou simplement interloqué, ou encore, dans le meilleur des cas fasciné ?

Ce petit pincement dans le ventre qui arrête le cours de la pensée et nous plonge dans un univers autre, nous ne l’anticipons pas, mais il nous fait voyager intérieurement dans le temps et dans l’espace là où nous n’avions pas eu l’idée d’aller.

Nommer ce pincement, pour qu’il embrasse la complexité des émotions n’est pas chose facile. Il y a un mot qui me vient à l’esprit, mais il a différents usages. Sur la paroi, en escalade, il s’exploite avec envie, permet de passer, d’avancer, d’aller chercher la prise suivante et de se mettre dans une nouvelle position pour aller plus loin. En géologie, c’est une ouverture dans le sol ou sur le plancher océanique, ces mouvements de la croute terrestre sont des lieux d’interactions qui peuvent créer une frontière. À d’autres niveaux on s’engouffre dedans, par la pensée, dans un échange verbal, ou plus prosaïquement de manière juridique… On retrouve ce mot dans de nombreuse facette de la vie et de nos vies : La faille.

 

La faille, comme conçue ici, est plus de l’ordre du mouvement, elle se crée en nous, déclenchée par un événement. La vision d’un tableau, l’écoute d’une musique, d’un texte ou d’une actualité, les discutions avec d’autres personnes… Elle n’est pas préméditée, c’est en ça qu’elle est spéciale et qu’elle porte un pouvoir et une énergie propre.

J’aime quand une œuvre me fait réagir autrement que par sa beauté plastique, je considère même que si elle me fait réagir autrement que par son esthétique elle est belle. Peut-être aurais-je du mal à la regarder ou à l’écouter une seconde fois, mais j’y penserais à coup sûr. Dans tous les cas elle aura déclenché une vibration, une énergie qui aura modifié le cours de ma pensée.

Déclencher des failles, des brèches, des ruptures dans le fil de l’esprit pour avoir l’opportunité de se placer dans un ailleurs qui nous autorise à rectifier la pensée, c’est la mission de chaque artiste. Avec la pluralité de nos vies, la diversité de nos mediums et par la sincérité de nos actions nous devons transmettre cette énergie créatrice de failles…

Chercher cela, à chaque fois, lorsque je malaxe mes photographies dans les bains de chimies, que je déplace mes agrandisseurs ou que je manipule avec les doigts la gélatine du bromure d’argent… chercher la faille dans l’image pour qu’elle apparaisse d’elle-même… c’est une recherche sans limite mais jonchée de découvertes et de surprises… comme par exemple ici dans « La charogne » où le mouvement et l’immobile se côtoient sans nous laisser de réponse et ouvrent un espace dans lequel s’engouffrer…

Lire la suite
Nicolas Guyot Nicolas Guyot

Le temps, le lieu et l’image

Une image, photographie, dessin ou peinture, a-t-elle besoin d’être définie dans le temps et dans l’espace ? La question ici n’est pas d’ordre physique, et n’entre pas dans le champs de la relativité restreinte et de la…

Une image, photographie, dessin ou peinture, a-t-elle besoin d’être définie dans le temps et dans l’espace ? La question ici n’est pas d’ordre physique, et n’entre pas dans le champ de la relativité restreinte et de la dimension spatio-temporelle, mais elle est plutôt de l’ordre du ressenti humain, de nos relations intimes avec nos vies.

Ce sont nos souvenirs, ces expériences qui laissent des traces impalpables, qui marquent notre temps propre. Finalement, intimement, n’arrêtons-nous pas le temps pour le récupérer à notre guise et le replacer à d’autres endroits ? Nous avons la fabuleuse capacité mentale de réunir la diversité spatiale et temporelle de certains de nos souvenirs en une nouvelle position qui les résume tous.

Sentir que l’on a déjà vécu ce moment, ne pas comprendre pourquoi tel lieu nous dit quelque chose, voir toujours la même scène dans des endroits différents… pourquoi produisons-nous inconsciemment ces visions, et comment arrivons-nous à produire notre propre réalité ?

Tout est question de ressentis, de sensations qui traversent le corps, tout cela est finalement physique – au sens corporel – et notre perception, couplée à notre réaction, fabrique une réalité.

Lorsque nous regardons une image, a fortiori une représentation, ce qui fait que nous nous en souvenons, c’est que le temps qu’elle montre est implicite, il n’existe pas sur l’image mais est imaginé par nous-mêmes. Nous fabriquons le temps que l’on voit sur l’image par rapport au temps que nous avons vécu, et ainsi nous fabriquons un nouveau souvenir. Nous accumulons ainsi des couches de temps qui se mélangent entre elles et se reforment continuellement. Cette image vue restera comme une expérience intime, et nous pouvons même en prendre possession si elle rejoint l’ensemble de nos vécus.

Les lieux sont également des intimités fortes, en tant qu’ils marquent également des moments. Mais dans nos souvenirs leurs représentations se diffusent pour ne garder que des points précis, marqueurs de nos émotions. Là aussi lorsque nous regardons un image, l’espace représenté - s’il n’est pas explicite -, prendra la force du souvenir.

Ce mélange, sur l’image, de différents temps et d’altération géographique du lieu - pour le situer partout – permet de dépasser ce que l’on pense voir. Il ouvre un peu plus notre perception au monde.

Cliquer ici pour découvrir l’œuvre “Alter écho”

Lire la suite