Leur monde est à vomir

Lorsque éclata le conflit syrien, je ressortis des photos d'archives et je les ai travaillées avec force physique pour expulser ma colère, en pensant à ce que vivait les gens que j'avais croisé. Les nouvelles étaient terribles, et lorsque je travaillais sur les portraits ce n'était que mort et disparition qui apparaissaient. Ces images raisonnent malheureusement terriblement avec ce qu'il se passe en ce moment à Gaza. Ces hommes ces femmes ses enfants subissent la bêtise et la haine et ils en meurent... Comme d'autres images elles reflètent bien plus que ce qu'elles figurent et sont la réalité blessante du pire de ce que l'humanité est capable d'offrir...

J'avais voyagé en Syrie quelques années avant et j’avais glané des portraits un peu partout dans le pays. Des rencontres parfois furtives mais toujours conviviales remplies de sourires et de partage. Je me souviens de cette famille non loin de Salamyeh qui, pour me protéger de la chaleur, m'avait accueilli dans la bergerie au cœur de champs arides dans lesquels broutaient des brebis aux gestes lents. On y servait du thé très chaud pour mieux se désaltérer. Sans traducteur, sans langue commune, nous communiquions pourtant aisément : sourires, gestes, partage de gâteau, sieste... des moments très ancrés, loin d'être hors-sol, des moments dans le temps, dans la vie. Vous, qui avez voyagé, vous avez sûrement vécu des moments similaires, vous savez que ces moments sont le commun des rapports humains, leur expression de respect la plus originelle.

Mais le sang à tout de même coulé.

Cette soudaine révolte Syrienne réprimée dans le sang, cette violente intense tellement incompréhensible, violence du pouvoir envers son propre peuple, démesurée par sa rage, cette violence comme tant d’autre trahie la faiblesse et la peur de ceux qui la commette.

C'était l'œuvre, disait-on en occident, d'un régime autoritaire arriéré tenue de main de fer par un tyran, effectivement Bachar el-Assad est un tyran arriéré et autoritaire et il est l’ennemi de son peuple. La rage meurtrière que Benyamin Netanyahou inflige aux palestiniens, et in fine à son peuple, est tout à fait similaire, il est l'ennemi de son peuple autant que des Palestiniens. Une telle haine est inacceptable, irrecevable, injustifiable. Il est le tyran occidental arriéré et autoritaire dont les crimes atroces sont justifiés par des thèses haineuses, racistes et génocidaires soutenues par une rhétorique claire et libérée d’extermination.

Nos sociétés occidentales, si mal dirigées, qui ont usurpées le principe de représentation pour faire du pouvoir le garant d’intérêts personnels minoritaires, ont perdu l’ordre moral sur lequel elles se sont construites et trahissent leur peuple, nous ont trahies.

Condamner Assad ou Poutine et soutenir Netanyahou, c’est avoir déserté la pensée, c’est l’abandon de tout, le grand vide qui tue. Nous n’avons plus besoin de justifier quoique ce soit, la vérité a disparue donc tout est vrai, plus besoin de réfléchir, d’écouter, de s’informer, de connaître ou de comprendre… pas besoin nous plus de douter. Il suffit d’annoncer, puisqu’il est impossible d’avoir tort, cela n’a aucune conséquence d’avoir tort, aucune. Nos dirigeants sont nos ennemis et le monde qu’il façonnent est à vomir.

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 À voir dans la série MÉTEMSPYCHOSES des portraits qui d’où qu’ils viennent nous parlent aussi de ça.

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